L’ audiovisuel, plimpseste – fenêtre sur le monde

Chaque année, le 27 Octobre, à l’initiative de l’UNESCO et le CCAAA, les professionnels et les institutions qui préservent et sauvegardent notre patrimoine audiovisuel pour les générations futures sont mis à l’honneur lors de la Journée mondiale du Patrimoine Audiovisuel

« Votre fenêtre sur le monde », thématique de cette année, révèle les archives représentant l’histoire de notre mémoire commune. Des images mouvantes qui s’ouvrent sur un passé plus que présent et à venir.

Entendre les tus, voir les disparus… un regard sur notre hier et mieux comprendre notre demain. Dans cette quête du digitale, à la conquête de la dématérialisation, prenons conscience de ce patrimoine menacé par l’obsolescence technologique.

À un clic de la négligence, protégeons ces mémoires fragiles. Vivons, écrivons, filmons, photographions ces trésors. Soyons acteurs-protecteurs de la mémoire du monde. 

Kliide

Valérie John, Fabrique à mémoires, technique mixte, papiers tissés, pigments et enluminure (1% d’or), 1998 – 2021

Journée mondiale du patrimoine audiovisuel

La mémoire, palimpseste pour notre identité

Nous sommes tous issus d’histoires, de cultures et d’origines différentes. Nous nous nourrissons des traces laissées, écrites, parcourues, pour construire notre identité.

Avant le XXème siècle, la culture était généralement transmise de manière orale par le chant, de manière gestuelle par la danse, par les rituels et différentes pratiques selon nos provenances. Ainsi, notre mémoire se tisse en un palimpseste de toutes ces entités, chargé d’histoires et d’inconscient.

Afin de créer, recréer et améliorer la mémoire collective, dans ce tissage d’héritage, l’audiovisuel a pour but d’être un maillage de toutes les cultures du monde… un sillage pour les générations actuelles et futures. 

L’audiovisuel, palimpseste pour notre mémoire

Faisant partie des techniques de communication actuelles les plus pertinentes, l’audiovisuel joue un rôle important dans la sauvegarde de nos mémoires.

Dans l’ère du numérique où les informations se perdent, se percutent et sont souvent faussement comprises, l’UNESCO prend le parti-pris de créer un patrimoine audiovisuel le 27 octobre 1980.

« Conservation des images, marquant ainsi l’importance culturelle et historique des archives cinématographiques et télévisuelles ». 

Facteurs politiques, sociaux, financiers et techniques entraînent, cependant, la vulnérabilité de ses médias. Par ailleurs, la « banalisation » du mot archive se distingue de la volonté de la création d’un patrimoine. En effet, conservées quelques mois voire quelques années, contrairement au patrimoine, les archives, sont conservées pour des générations. 

Le chercheur et historien François Hartog définit le «présentisme» comme l’ensemble des actes individuels qui constituent l’histoire. Subissant les méandres de la mémoire et de l’inconscient, dans cette individualité, notre histoire nous est parfois floue.

Pour jouer à l’unisson, l’usage des sens auditif et visuel doit alors s’harmoniser pour la compréhension et l’absorption d’éléments de manière presque inconsciente. 

Ainsi, le patrimoine audiovisuel est un point d’ancrage à l’enrichissement et à la progression de ces réminiscences singulières et universelles. Telles les gouttes qui gorgent les rivières, nos mémoires se versent, se déversent, se relient et se nourrissent entre elles infiniment. Indéfiniment.

L’audiovisuel pour que les oubliés continuent de vivre…

« Nous sommes du côté des chaînes, des Africains jetés en esclavage. Nous sommes au souvenir de la cale dubateau négrier. Nous sommes aussi au vaste malheur des plantations où vos pères se sont heurtés aux nôtres. Nous avons donc bien près de quatre mille ans avec cette charge de souvenirs… », dit Patrick Chamoiseau dans Baudelaire Jazz !

Patrick Chamoiseau lisant « Méditations à Charles Baudelaire », au Musée d’Orsay // Raphaël Imbert improvisant au Musée d’Orsay // Patrick Chamoiseau et Raphaël Imbert devant l’Atelier du peintre de Gustave Courbert (1855) Extraits de Baudelaire Jazz ! Patrick Chamoiseau, « Méditations à Charles Baudelaire » au Musée d’Orsay – Raphaël Imbert, Improvisations, 07/10/2021

Devant l’ « Atelier du peintre » de Courbet (1855), mêlée aux sonorités cuivrées de l’improvisation de Raphaël Imbert, la voix de l’écrivain-poète contemporain ourdit et scande des « Méditations » pour la renaissance d’un être passé.

Dans cette vidéo alliant les arts de la musique, de la littérature dans ce lieu de la Haute Culture (le musée d’Orsay), la voix des écrits de Chamoiseau commémore le bicentenaire de la naissance du poète Charles Baudelaire.

L’audiovisuel, palimpseste au service de la mémoire pour que les oubliés continuent de vivre…

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