Écrire ses mémoires… dans les pérégrinations de Valérie John

Pour la construction de notre mémoire contemporaine, le contexte actuel ouvre à une redéfinition des rapports entre tradition et innovation, entre identité et altérité, où emprunts et mélanges forment une trame complexe d’interférences et de superpositions souvent difficiles à départager.

Valérie John

Valérie, jeune

Née en 1964 à Fort-de-France (Martinique), Valérie Vigon grandit dans une famille où culture et exploration des possibles sont les maîtres mots d’une conscience en construction.

Pour passer le temps, Valérie jeune, se passionne pour la danse contemporaine et traditionnelle, le théâtre et la planche à voile.

C’est une jeune femme ouverte d’esprit, hyper active, qui se retrouvait aussi, parfois, dans des investigations archéologiques à l’habitation Fonds Saint-Jacques.

Afin de définir les courbes culturelles et artistiques de son dessein, elle décide de partir pour la capitale en 1981, et d’étudier les sciences de l’art et les Arts Plastiques à l’Université de La Sorbonne I.

Comme la plupart des étudiants, elle rencontre un spécialiste de théâtre qui finissait sa thèse en Sémiologie théâtrale avec Anne Ubersfeld, Youssoupha, qui s’éprend d’affection pour elle. Il lui offre un pagne, comme on offre une bague à un être bien-aimé, et de là naît l’histoire

Valérie et le continent mère

Pendant longtemps, à la recherche d’un soi, d’une généalogie, Valérie décide de s’envoler sur le continent « Mère » à la rencontre de ses pairs, et pour notamment trouver tout ce que constituait la mythologie du pagne offert. Approche anthropologique, fascination d’une fable vivante contant la rencontre d’un homme et d’une femme.

1983, direction les terres Africaines, à Dakar, sur les traces de « l‘architectomie » de ce pagne Bambara, qui en devient son sujet de mémoire.

Commencent alors les prémices de ses identités. En quête de se définir, Valérie Vigon hier, Valerie John aujourd’hui, met son corps-objet et ses errances à nus pour nous tisser ses pérégrinations, ses mémoires, pour nous retracer ses passages dans le monde.

Au fil de rencontres, d’accumulations de textiles, d‘archives, de savoir-faire, d’images qui ont traversés les pays, ses remembrances deviennent l’œuvre-atelier de toute une vie qu’elle déverse en palimpsestes, pour l’affecte du spectateur. Un rapiècement de toutes ces vies, ces douleurs, qui vous forgent et dont se charge l’œuvre.


Il y a de ces Hommes, des êtres qui voyagent, qui prennent le temps, et écrivent le cours de leur histoire.

C’est au travers de l’exposition Écritures liminaires, au seuil d’une pratique artistique trans/locale à la Fondation Clément que Kliide rencontra l’artiste… Valérie John, aux allures valeureuses qui rencontrent la grâce de Dieu pour l’étymologie des noms qui l’identifient.

Vêtue d’un pagne contemporain, long, couvrant, et de bijoux lumineux et forts, tout aussi intrigants que son aura, elle veille, regarde, et écoute son public. Un public, dont Kliide fait partie, à la rencontre de ses voyages, de ses errances.. de ses mémoires.

Valérie John, rencontre et dialogue avec Christiane Emmanuel, chorégraphe – Photo @Cynthia Phibel

Valérie et l’objet-atelier

Palimpsestes, tapis accumulés, textiles, griots de bois, se mêlent et s’entremêlent dans cet espace d’atelier-œuvre. Empaquetés, tissés, cousus, imbriqués, des images, des papiers, des calques du monde qui se métamorphosent en œuvres mystifiées.

Entrons dans l’œuvre où l’atmosphère qui y règne gronde sous le tonnerre inaudible des souvenirs de nos âmes vagabondes. Un héritage socio-historico-culturel qui, au contact de ces gens, au contact du regardeur, continue d’écrire leur histoire.

La peau s’hérisse des énergies qui envahissent la pièce à la vue de l’Œuvre.

« Je ne suis pas écrivaine, je ne suis pas musicienne« , pourtant, Valérie John, mère de famille, enseignante, chercheuse, artiste plasticienne nous transborde dans son navire de remembrances. Une musique de souvenirs gorgés de vies, de douleurs, d’atonies et de bonheur, qui s’harmonisent de complexités pour un seul salut, la construction d’une vérité – sa vérité.

Valérie John, fabrique à mémoires, Technique mixte, papiers tissés, pigments et enluminure (1% d’or) – Dimensions variables 1998-2021

Écriture(s) liminaire(s) au seuil d’une pratique artistique Trans/Locale, qui s’est faite errante pendant plus de 25 ans, et qui se meut en des gestes devenus rituels.

De la Martinique, à Paris, puis en Afrique en passant par le monde, c’est un costume de savoir-faire, de manières qui ont pansé sa pensée.

À la conquête d’une mémoire en miroir avec son « je » :  » Je tisse le monde…  » pour se perdre et se retrouver. Rapiécer ce qui est décousu, et conscientiser le subconscient.

Déferlante d’installations, de couleurs, pluie d’objets, qui prennent en charge l’identité de l’artiste pour le partage de ses Afriques, de ses mondes, de ses couleurs de peaux qui définissent la femme qu’est ValérieJohn.

Exposition à ne pas manquer

Écriture(s) liminaire(s) au seuil d’une pratique artistique Trans/Locale à voir jusqu’au 11 Novembre 2021 à la Fondation Clément, en Martinique.

i telman nwe ki i blé, Technique mixte, papiers tissés, pigments, enluminure (1% d’or) et crochet en aluminium, dimensions variables – Ph : JB Barret – Crédits photos : ©Cynthia Phibel // ©COMECLA // ©Mallory Marie-Rose dite Cetoute // ©Jaimy-Lee Vilo Rochefort // ©Fondation Clément / @JB Barret

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